SV1 et SV2 en course à pied : Comment optimiser votre entraînement par zones de fréquence cardiaque
Utiliser les zones de fréquence cardiaque pour maximiser vos performances sportives. Nos conseils pratiques et programmes d'entraînement adaptés.

La course à pied est bien plus qu'une simple question de distance parcourue ou de vitesse. Pour progresser efficacement et éviter les blessures, comprendre les concepts de SV1 et SV2 peut transformer votre approche de l'entraînement. Ces seuils ventilatoires représentent des indicateurs physiologiques clés qui permettent d'adapter précisément votre effort. Découvrons ensemble comment ces zones de fréquence cardiaque peuvent révolutionner vos performances.
- Le SV1 (seuil aérobie) marque la transition entre effort facile et modéré, où la respiration s'intensifie mais permet encore de parler, généralement entre 70-80% de la FCM.
- Le SV2 (seuil anaérobie) représente le point où l'acide lactique s'accumule rapidement, la respiration devient laborieuse et la conversation presque impossible, typiquement à 85-90% de la FCM.
- Connaître vos seuils personnels permet de personnaliser précisément vos zones d'entraînement plutôt que de vous fier à des pourcentages génériques de fréquence cardiaque.
- Un entraînement efficace combine des séances sous le SV1 (pour l'endurance de base), autour du SV1 (pour l'endurance fondamentale), entre SV1 et SV2 (pour le tempo), et autour du SV2 (pour améliorer votre seuil).
- Évitez de vous entraîner trop souvent dans la "zone grise" entre SV1 et SV2, qui est trop intense pour les bénéfices d'endurance et pas assez pour les adaptations anaérobies.
Qu'est-ce que le SV1 et le SV2 en course à pied ?
Le seuil ventilatoire 1 (SV1) et le seuil ventilatoire 2 (SV2) sont des moments précis où votre corps change de mode énergétique pendant l'effort. Ces seuils correspondent à des intensités spécifiques qui déterminent comment votre organisme utilise l'oxygène et produit de l'énergie.
Le SV1 : Le premier seuil ventilatoire
Le SV1, également appelé seuil aérobie, marque la transition entre un effort facile et un effort modéré. À ce niveau d'intensité, votre corps commence à produire plus de dioxyde de carbone, ce qui entraîne une première augmentation significative de votre ventilation. Concrètement, c'est le moment où vous passez d'une respiration confortable à une respiration plus marquée, sans toutefois ressentir d'essoufflement.
En termes de sensations, le SV1 correspond généralement à une intensité où vous pouvez encore tenir une conversation, mais où vos phrases deviennent plus courtes. Votre fréquence cardiaque se situe approximativement entre 70% et 80% de votre fréquence cardiaque maximale (FCM).
Le SV2 : Le deuxième seuil ventilatoire
Le SV2, aussi connu sous le nom de seuil anaérobie, représente une intensité d'effort plus élevée. À ce stade, votre organisme ne parvient plus à éliminer suffisamment d'acide lactique, ce qui provoque une accumulation rapide dans vos muscles. Votre respiration s'accélère considérablement pour tenter d'éliminer le CO2 excédentaire.
Au niveau du SV2, la conversation devient pratiquement impossible et vous ne pouvez prononcer que quelques mots entre deux respirations. La fréquence cardiaque atteint environ 85% à 90% de votre FCM, voire plus selon votre niveau d'entraînement.
Pourquoi les seuils ventilatoires sont-ils importants pour les coureurs ?
Comprendre et utiliser les concepts de SV1 et SV2 dans votre entraînement présente plusieurs avantages considérables :
Une personnalisation précise de l'entraînement
Contrairement aux méthodes basées uniquement sur les sensations ou les pourcentages génériques de FCM, l'utilisation des seuils ventilatoires permet d'adapter l'entraînement à votre physiologie spécifique. Deux coureurs peuvent avoir la même fréquence cardiaque maximale, mais des seuils ventilatoires très différents.
Une progression optimisée
En ciblant précisément les bonnes zones d'intensité, vous stimulez les adaptations physiologiques souhaitées sans risquer le surentraînement. Par exemple, s'entraîner légèrement sous le SV2 permet d'améliorer efficacement votre capacité à maintenir un effort soutenu sans accumuler trop de fatigue.
Une meilleure gestion de la récupération
Connaître vos zones d'entraînement basées sur les seuils ventilatoires vous aide à planifier judicieusement vos séances de récupération active, en restant bien en-dessous du SV1 pour favoriser la régénération sans fatiguer davantage l'organisme.
Comment déterminer vos seuils SV1 et SV2 ?
Plusieurs méthodes existent pour identifier vos seuils ventilatoires personnels :
Le test en laboratoire
La méthode la plus précise consiste à réaliser un test d'effort avec analyse des échanges gazeux dans un laboratoire spécialisé. Ce test mesure directement votre consommation d'oxygène (VO2) et votre production de CO2, permettant de déterminer avec exactitude vos seuils ventilatoires.
Le test de terrain avec cardiofréquencemètre
Si vous n'avez pas accès à un laboratoire, vous pouvez réaliser un test progressif sur piste ou sur tapis roulant. Commencez par un échauffement de 10-15 minutes, puis augmentez progressivement votre vitesse toutes les 3 minutes en notant votre fréquence cardiaque et vos sensations respiratoires.
Le SV1 correspond approximativement au moment où votre respiration s'intensifie notablement pour la première fois. Le SV2 survient lorsque votre respiration devient vraiment laborieuse et que vous ressentez une accumulation de fatigue rapide dans les jambes.
L'estimation par la parole
Une méthode simple mais moins précise consiste à utiliser le "talk test" :
- Si vous pouvez parler confortablement, vous êtes sous le SV1
- Si vous pouvez parler mais par phrases courtes, vous êtes entre SV1 et SV2
- Si vous ne pouvez prononcer que quelques mots à la fois, vous êtes au niveau ou au-dessus du SV2
Comment intégrer les zones SV1 et SV2 dans votre entraînement ?
Une fois vos seuils identifiés, vous pouvez structurer votre programme d'entraînement en fonction de zones spécifiques :
Zone 1 : Récupération (sous le SV1)
Cette zone d'intensité légère est idéale pour les séances de récupération active, l'échauffement et le retour au calme. L'effort est suffisamment faible pour ne pas générer de fatigue supplémentaire tout en stimulant la circulation sanguine.
Exemple de séance : 30-45 minutes de course lente où la conversation reste très facile.
Zone 2 : Endurance fondamentale (autour du SV1)
Cette zone développe votre endurance aérobie et améliore l'efficacité de votre système cardiovasculaire. C'est la zone idéale pour les sorties longues qui construisent votre base d'endurance.
Exemple de séance : Sortie longue de 60-90 minutes à une intensité où vous pouvez encore parler mais où l'effort commence à se faire sentir.
Zone 3 : Tempo (entre SV1 et SV2)
Cette zone intermédiaire améliore votre capacité à maintenir un effort soutenu pendant une période prolongée. Elle est particulièrement efficace pour augmenter votre vitesse au seuil lactique.
Exemple de séance : 2 séries de 15-20 minutes à une intensité où la conversation devient difficile, entrecoupées de 5 minutes de récupération active.
Zone 4 : Seuil (autour du SV2)
Cette zone d'intensité élevée améliore votre capacité à tolérer et éliminer l'acide lactique. Elle est cruciale pour les performances en compétition sur des distances moyennes.
Exemple de séance : 4-6 séries de 5 minutes juste au niveau du SV2, avec 2-3 minutes de récupération active.
Zone 5 : VO2max (au-dessus du SV2)
Cette zone d'intensité très élevée développe votre puissance aérobie maximale et votre vitesse. Elle ne peut être maintenue que pendant des périodes relativement courtes.
Exemple de séance : 8-10 répétitions de 400m à une intensité où vous ne pouvez prononcer que quelques mots, avec récupération complète entre les répétitions.
Erreurs courantes à éviter avec les seuils ventilatoires
S'entraîner trop souvent en zone intermédiaire
De nombreux coureurs passent trop de temps dans la "zone grise" entre le SV1 et le SV2. Cette intensité est trop élevée pour maximiser les adaptations d'endurance et trop faible pour stimuler efficacement les adaptations au seuil. Privilégiez soit les entraînements bien en-dessous du SV1, soit les séances ciblées autour ou au-dessus du SV2.
Négliger la progression graduelle
Augmenter brutalement le volume d'entraînement à haute intensité (au-dessus du SV2) peut rapidement mener au surentraînement et aux blessures. Une progression méthodique est essentielle.
Sous-estimer l'importance des entraînements sous le SV1
Les séances à basse intensité (sous le SV1) sont souvent négligées par les coureurs ambitieux. Pourtant, elles constituent la base d'une endurance solide et favorisent la récupération entre les séances intensives.
Conclusion : Personnaliser pour progresser
L'utilisation des seuils ventilatoires SV1 et SV2 dans votre planification d'entraînement en course à pied offre une approche scientifique et personnalisée pour améliorer vos performances. En identifiant précisément ces seuils et en structurant vos séances en conséquence, vous optimisez les adaptations physiologiques spécifiques tout en minimisant les risques de surentraînement.
Que vous soyez débutant cherchant à développer votre endurance ou coureur expérimenté visant à améliorer vos chronos, la compréhension et l'application des concepts de SV1 et SV2 peuvent transformer votre pratique de la course à pied. N'hésitez pas à consulter un professionnel pour déterminer avec précision vos seuils et élaborer un programme d'entraînement adapté à vos objectifs et à votre physiologie.